…en lecture et en musique d’après l’œuvre de Michael Ondaatje
adaptation, textes additionnels, musique : T. Hakola
traductions : T. Hakola, Michel Lederer
avec Paola Comis, Anne Steffens, T. Hakola, Bénédicte Villain et Simon Texier
spectacle crée le 22 mai 2003 à La Villa Gillet , Lyon
reprises :
Les Correspondances de Manosque
le 24 septembre 2003
Centre culturel canadien – Parisle 28 et le 29 janvier 2004
Maison Folie de Wazemmes – Lille
le 6 novembre 2004
Le pauvre jeune William ne fait plus la fête avec un œil de poisson, avec un gloussement bête avec des planètes de sang dans la tête Le pauvre jeune William n’est plus en fait
– Attends ! Attends ! Quand est-ce que c’est arrivé ? J’essaye de m’y retrouver…C’est cette réplique, tirée d’un livre de souvenirs et d’histoires qui se croisent et s’entrecoupent – Un Air de famille – qui sert de refrain ici alors que nous essayons de raconter une dizaine de morts relevées dans l’œuvre de Michael Ondaatje. Certaines sont vraies, bien qu’élaborées dans le domaine de la légende – Billy the Kid, Buddy Bolden le trompettiste, et Lalla, la grand-mère de l’auteur qui “vers la fin de sa vie, cherchait la grande mort”…
Sans foyer, cette socialiste lyrique, la la la Lalla, à la fin de sa vie débarquait avec rien qu’un élan éthylique la la la Lalla, chez n’importe quel ami Mais sa largesse n’avait pas de concurrent lorsque Lalla léguait à la fin de sa vie son corps à six hôpitaux différents la la la Lalla, la sainte du pays La la la Lalla, à la fin de sa vie Prise dans un bras diluvien en folie La la la Lalla, partie sous la pluie Morte dans les bras dont elle avait envie
… d’autres sont vraies tout simplement – le grand-oncle David Grenier qui va se noyer au large de Negombo, et le président Katugala, qui va se faire déchiqueter par une bombe humaine à Colombo le jour des Héros de la nation. Tandis que d’autres, la “mort” de la bonne sœur, par exemple…
Une des religieuses se relevait, chancelante, puis le vent la tirait latéralement, la faisant glisser sur le béton avant de l’expédier tout simplement par-dessus le bord du pont. Elle a disparu dans la nuit, dans la longue profondeur des airs qui ne contenaient rien, sinon un rivet ou un marteau lâchés dans la journée.
…qui renaîtra en tant qu’Alice Gull pour se faire tuer, elle aussi, par une bombe dans La Peau d’un Lion ; la mort de Sarath l’archéologue énigmatique au sombre destin du Fantôme d’Anil, et celles du comte Ladislau de Almásy – explorateur, espion nazi, homme flambé – et de son amante Katharine Clifton de Le Patient anglais…
Dans l’avion charogne avec son amante désintégrante le comte tentait de s’envoler vers une fin moins navrante Le comte tentait de se sauver par une réparation ultime mais le salaire du péché, il l’a payé pour ses crimes Éblouissant comme une comète, il fendait le ciel bleu Parti chercher sa chérie, le comte a fini en feu
…sembleraient être des inventions du romancier.
Une dizaine de morts piochées dans les six livres de Michael Ondaatje. Et sept chansons composées pour l’occasion. Une dizaine de morts racontées par des voix, puis sondées et ponctuées par la musique qui apparaît et disparaît tout au long de cette lecture afin de lui imprimer sa cadence, ses accents et sa respiration tandis que nous tentons de rendre compte de l’épatante étendue de passions confuses et de vies tourbillonnantes qui ont coulé de la plume obstinément poétique de cet auteur.
Theo Hakola
pour le texte complet de “Une Dizaine de morts” : Other Publications